Le Combat de la Licorne permet d’aborder de façon ludique et originale les discriminations sociétales systémiques envers les personnes LGBT+ dans différentes sphères de la vie quotidienne. Finalisé début 2022, nous l’avons utilisé plusieurs fois depuis, notamment auprès des jeunes de la Mission Locale d’Insertion (MLI) du Poitou.

Expérimenter les discriminations à l’encontre des personnes LGBT+

Partant d’une adaptation du classique jeu des petits chevaux, les participant·e·s sont réparti·e·s en 4 équipes. Après les avoir installé·e·s autour du plateau, le jeu commence !

Les participant·e·s ne le savent pas encore, mais deux équipes sont avantagées par le jeu, représentant ainsi l’expérience des personnes cis-hétéro dans notre société, tandis que les deux autres équipes sont à l’inverse, désavantagées, représentant l’expérience des personnes LGBT+. En outre, les quatre zones couleurs au sein desquelles les participant·e·s vont évoluer représentent différentes sphères de la vie quotidienne :

  • hygiène & santé,
  • économie & politique,
  • famille & travaux domestiques,
  • culture & sport.

Dès le début, les participant·e·s se prennent totalement au jeu, enthousiasmé·e·s par les devinettes et les défis. Mais souvent, ils·elles prennent très vite conscience que certaines équipes avancent « trop » vite, et d’autres très lentement, voire pas du tout… Certain·e·s membres des équipes désavantagées expriment même souvent verbalement l’injustice qu’ils·elles ressentent de façon spontanée.

La vigilance est alors le mot d’ordre pour l’animateur·rice ! Car un public fortement concerné par la problématique abordée peut se sentir heurté par la mécanique de ce jeu, qui leur rappelle les difficultés qu’ils·elles rencontrent dans la vie de tous les jours. Pour remédier à ce problème éventuel, nous inversons et changeons les équipes de couleur en milieu de partie, durant la courte pause de mi-jeu. Ainsi, chaque participant·e fait l’expérience des deux versants du jeu !

L’importance du debriefing

Après cette seconde phase de jeu, nous arrêtons la partie afin de débriefer ce que le groupe de participant·e·s en a compris. Dans un premier temps, il est important de prévoir un tour d’expression des ressentis, afin de sortir du jeu et d’évacuer de potentielles frustrations. Puis, vient le temps de décryptage. De manière générale, les jeunes comprennent bien ce que l’on a essayé de leur montrer : le fait d’être un membre de la communauté LGBT+ implique d’être confronté à des discriminations systémiques dans de nombreuses sphères de la vie quotidienne.

Ils·elles échangent parfois sur leurs expériences personnelles en lien avec cette problématique. Un dialogue fructueux se crée alors entre ceux·celles qui peuvent être concerné·e·s et ceux·celles qui ne le sont pas directement.  Ainsi, lors de nos animations, l’expérience a permis aux personnes qui n’étaient pas forcément directement concernées de non seulement faire l’expérience des discriminations de façon ludique, mais également de connaître les ressentis et vécus des personnes LGBT+ présentes.

Aller au-delà du constat des discriminations

Au-delà du constat des discriminations systémiques envers les personnes LGBT+, les participant·e·s ont également l’occasion, à la fin du jeu, de prendre connaissance de différentes personnes emblématiques, elles-mêmes membres de la communauté LGBT+. Les participant·e·s voient alors que malgré les obstacles, des figures politiques, médiatiques et artistiques se battent pour changer les mentalités et faire accepter qui ils·elles sont avec fierté !

Cet aspect de la fin du jeu permet de ne pas rester sur un constat simple d’une situation purement négative. Les jeunes prennent aussi conscience de l’évolution progressive et positive de la société, et repartent ainsi avec des réalisations nuancées sur le sujet. Ces nuances alimentent leur motivation à agir, et confortent les participant·e·s déjà engagé·e·s dans leurs convictions ! Il est essentiel pour nous de transmettre la conscience que chacun·e peut agir à son échelle et faire valoir ses droits en tant qu’individu.

 

En résumé, les points de vigilance concernent surtout la confortabilité des joueur·euse·s en fonction de leurs expériences personnelles. De plus, ce jeu pédagogique a prouvé son efficacité et son ludisme auprès de divers groupes de personnes, très différentes les unes des autres. Les publics qui en ont fait l’expérience ont compris ses tenants et aboutissants, et l’ont trouvé, pour la plupart, non seulement instructif mais également amusant !

Par Lou, volontaire en Service Civique à KuriOz